Résumé :
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"Aux dernières heures du long débat parlementaire autour du projet de loi « pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », le lundi 20 décembre 2004, le député Jean-François Chossy, rapporteur dudit projet, propose à ses collègues députés « chaque fois que cela est possible [de] remplacer l'expression ?prise en charge? par ?accompagnement?. La prise en charge, explique-t-il, s'adresse à un objet. Lorsqu'on s'intéresse à une personne handicapée, on l'accompagne tout au long de sa vie, on ne la prend pas en charge ! Tout cela est symbolique, mais ce projet de loi s'intéresse aux personnes en tant que telles, et il semble utile, pour changer les mentalités, de changer les mots. » Ainsi, la représentation nationale entérina-t-elle une modification sémantique qui allait faire de l'« accompagnement » un des maîtres mots des discours sur les pratiques s'adressant aux personnes en situation de handicap. Ce glissement, ainsi décidé, ne trahit-il qu'une coquetterie de langage de plus, ou peut-on dès à présent distinguer, autour de ce terme devenu officiel, l'émergence d'un nouvel état d'esprit, d'un nouveau regard porté par l'ensemble de la société sur les personnes en situation de handicap ? C'est cette question complexe que notre article souhaite examiner : à cet effet, nous nous proposons, après avoir rapidement rappelé les conditions d'apparition et de succès de la notion d'accompagnement dans différents champs de pratiques, de repérer ? à travers quelques-uns des principaux textes de lois, décrets, circulaires et rapports concernant les personnes en situation de handicap ? les conceptions successives de l'action médico-sociale et la place qu'y prend, ou non, la notion d'accompagnement."
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